Un visionnaire pragmatique accumulant les projets novateurs
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12 avril 2006

LE SOLEIL : Guy Dumais
Un visionnaire pragmatique accumulant les projets novateurs
Marie Caouette, Le Soleil

L'école secondaire De Rochebelle est à l'honneur ces jours-ci. Elle a été donnée en exemple, par le premier ministre Jean Charest, pour avoir réussi à prendre le virage santé. La poutine, les gras trans, les frites et les autres porte-étendards de la malbouffe ont été évincés ou relégués à peu de chose à la cafétéria. L'homme derrière cet exploit est le directeur Guy Dumais.

Chaque semaine, un jury formé de représentants des rédactions du SOLEIL, de la radio et de la télévision de Radio-Canada à Québec nomme un lauréat afin de souligner une réalisation exceptionnelle ou une contribution significative à la vie ou au rayonnement de Québec. Rencontrez le lauréat de la semaine dans LE SOLEIL le dimanche, à la radio de Radio-Canada le lundi matin et à la télévision dans le téléjournal de fin d'après-midi. Vous connaissez une personne qui mériterait d'être nommée lauréat ? Écrivez-nous à [email protected].

L'école secondaire De Rochebelle est à l'honneur ces jours-ci. Elle a été donnée en exemple, par le premier ministre Jean Charest, pour avoir réussi à prendre le virage santé. La poutine, les gras trans, les frites et les autres porte-étendards de la malbouffe ont été évincés ou relégués à peu de chose à la cafétéria.

L'homme derrière cet exploit est le directeur Guy Dumais. Depuis son entrée en fonction, il y a cinq ans, il multiplie les projets novateurs. Devançant la loi Couillard sur le tabagisme, il a ainsi réussi, en septembre dernier, à repousser les fumeurs en dehors de la cour de l'école, l'une des 15 plus grosses du Québec. L'homme n'est jamais à court d'idées. Au moment où on célèbre sa victoire sur la poutine, il est ailleurs : Guy Dumais mijote en effet un autre coup fumant, dans le domaine de la protection de l'environnement, cette fois.

LE SOLEIL et Radio-Canada ont donc plus d'une raison de choisir ce directeur modèle comme lauréat, cette semaine.

La boule d'énergie nommée Dumais aurait pu faire carrière dans au moins deux autres domaines. Il aurait pu être musicien professionnel ou avocat constitutionnaliste. Né à Notre-Dame-du-Portage, l'un des plus beaux villages du Québec, à cinq minutes de Rivière-du-Loup, le jeune Dumais a commencé le piano à quatre ans, chez les soeurs. Il a bifurqué vers la musique populaire, après avoir joué en duo, sur scène, avec le pianiste André Gagnon.

L'adolescent a compris qu'il avait le potentiel pour devenir un artiste professionnel. À 16 ans, il est embauché pour faire la musique d'ambiance dans les restos. Ce talent lui servira à payer ses études universitaires.

Mais plutôt qu'en musique, le jeune homme s'inscrit en droit. Objectif : le droit constitutionnel. « Je n'ai pas eu le courage d'étudier en musique, avoue-t-il sans chichis. C'est trop difficile d'en faire une vie. Mais je n'ai jamais cessé de jouer. » Il fait d'ailleurs encore partie d'un trio de jazz qui se produit sur scène, quatre ou cinq fois par an, au moment de congrès. « Si vous saviez le plaisir que j'ai à faire ça ! »

Mais revenons quelques années en arrière. En droit, le jeune Louperivois frappe un os. Il comprend si peu l'anglais qu'il passe ses nuits à tenter de comprendre quelques paragraphes d'un texte de jurisprudence. Solution ? Il prend une année de « congé » de l'université et se rend à Edmonton où il travaille au piano-bar d'un grand hôtel. Il a 20 ans et porte le noeud papillon. Ironiquement, il gagne le même salaire qu'un prof du secondaire. Cet emploi lui laisse du temps pour faire de la musique et apprendre l'anglais.

De retour au Québec, il s'inscrit, ô surprise, en histoire à l'Université Laval. Ce devait être une voie de transition vers le droit constitutionnel, mais son premier prof, Richard Jones, lui « a donné la piqûre » pour cette discipline et lui a transmis son exigence de « rigueur sur le plan méthodologique ».

À la fin du bac, il commence à enseigner, tout en entamant une maîtrise... qu'il ne terminera pas. Le milieu du travail le happe définitivement. Sa progression dans le métier sera fulgurante. Le jeune suppléant devient indispensable parce qu'il organise des activités musicales pour les jeunes, à l'heure du midi. Cela favorise le « raccrochage » scolaire et débouche sur un spectacle un peu hétéroclite, du classique au heavy metal, en fin d'année.

Il enseigne ensuite l'histoire aux premières générations d'élèves du programme d'éducation internationale à De Rochebelle. Les qualités de leadership du jeune prof et délégué syndical commencent à être reconnues. Et à 30 ans à peine, même s'il adore « voir le plaisir des jeunes à comprendre le monde dans lequel ils vivent », il se prépare à faire le grand saut. Il devient rapidement directeur adjoint à l'école des Grandes Marées, puis directeur de l'école à vocation scientifique Fernand-Séguin. À 38 ans, on l'approche pour diriger De Rochebelle.

Il se décrit comme un visionnaire pragmatique qui voit venir les choses et se prépare à leur faire face. Son style de gestion, c'est l'ouverture et la participation ; il consulte beaucoup les instances démocratiques de l'école (qui regroupent les enseignants, les élèves et les parents) avant de prendre une décision.

En plus de la vision, il faut de l'entregent. Il est à la tête d'une école de plus de 2000 élèves, répartis dans plusieurs bâtiments. Il a des adjoints avec lesquels il forme « une équipe très complémentaire » et tout un bataillon d'enseignants, qui ont la réputation d'avoir de fortes personnalités, avec lesquels il a réussi à créer un excellent climat de travail. Une des qualités essentielles pour la tâche de directeur est d'ailleurs « l'intelligence émotionnelle », dit-il. C'est, en partie, la capacité de saisir les préoccupations du personnel. « Les enseignants ne suivent pas automatiquement quand le directeur annonce qu'il faut aller dans telle ou telle direction. Il faut qu'ils comprennent, qu'ils sachent ce qui se passe. Il n'y a rien de caché. Ça prend de l'énergie pour diriger comme ça, concède-t-il. Mais ça fonctionne bien et les parents sont très satisfaits. »

Une de ses premières priorités, à De Rochebelle, a été de redonner une fierté aux élèves du régulier qui ne faisaient partie d'aucun programme spécial. Il a créé des profils de formation pour tous. « Personne ne se sent plus laissé pour compte. »

Mais passons à la café. Depuis deux ans, on n'y trouve plus de boissons gazeuses dans les distributrices, mais plutôt de l'eau et des jus. L'école a repris le contrôle du contenu de ces machines qui, par contre, lui rapportent seulement la moitié des redevances d'avant. Les seules chips offertes sont celles cuites au four, tandis que les 18 variétés de chocolat au lait sucré ont été remplacées par du chocolat noir. Le chocolat noir, c'est une idée que le directeur a eue en observant ses deux adolescentes... qui fréquentent son école.

Dans les assiettes, les menus santé ont remplacé les frites, la poutine, les gras trans et les gâteaux. La présentation est soignée, plus colorée, plus appétissante et les ventes progressent. Le comptoir à salades a aussi un succès boeuf, dit le directeur. « Les adolescents adorent composer leur propre salade. » Les fritures ont obtenu une année de sursis : on en sert encore, mais une fois par semaine seulement.

Depuis ce virage, les jeunes ne se sont pas précipités, dégoûtés, vers les restos de restauration rapide du coin. Peut-être tout le monde était-il mûr pour ce changement, qui sait ? « Il s'est passé une espèce de magie... »Guy Dumais est sûr d'une chose : il y a une culture de la santé qui est en train de s'implanter. Le directeur avoue qu'il en profite lui aussi pour améliorer son propre régime alimentaire !

La démarche est progressive donc et orchestrée en collaboration avec la Chaire de recherche sur l'obésité de l'Université Laval.

Mais ça, c'est déjà du passé. Le gros dossier qui mijote actuellement dans la marmite du directeur, c'est la protection de l'environnement qui mènera, d'ici peu, à un cours optionnel sur le sujet.

« On ne peut pas compter sur notre génération pour sauver la planète, ça va passer par les jeunes », dit le quadragénaire. Il veut donc leur donner le goût d'étudier en sciences au cégep et à l'université pour qu'ils puissent aller plus loin que ce qui se fait actuellement. Ce projet va commencer par une étape de sensibilisation générale : dès septembre 2006, toute l'école récupérera tout ce qui peut être réutilisé.

Par Marie Caouette, Le Soleil

Cet article est tiré du quotidien Le Soleil de Québec du 9 avril 2006, page B3 l'infobourg a obtenu l'autorisation de le reproduire.



5 janvier 2007
Pierre-Luc D., Québec
Juste une information: Guy Dumais n'est plus le directeur de l'école secondaire DeRochebelle.Il es maintenant directeur aux admissions collégiales de la région de Québec.

Un étudiant de DeRochebelle





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