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30 mai 2007

Gare au manuel tout-puissant!
Martine Rioux, APP

Malgré les nombreux outils disponibles de nos jours, le manuel scolaire demeure encore l’un des plus utilisés au quotidien par les enseignants. Mais, attention, ceux qui l’utilisent exclusivement risquent d’en devenir « prisonniers ». La dépendance croît avec l’usage…

Lorsque le manuel scolaire devient la principale source d’information des enseignants, il peut facilement devenir un « régulateur » de l’activité enseignante et, à ce moment, il menace l’autonomie de l’enseignant. Il s’agit là de l’une des conclusions de la recherche menée par la professeure Cristina D’Avila Maheu, sur la médiation enseignante et l’usage du manuel scolaire en salle de classe dans la région de Bahia au Brésil, son pays d’origine.

« Certains enseignants sont si attachés aux manuels scolaires qu’ils en viennent à enseigner en fonction de ceux-ci. Ils coupent ainsi le lien particulier qu’ils pourraient avoir avec leurs élèves. Ils n’écoutent pas leurs besoins réels, mais suivent plutôt ce que dictent les manuels », explique Mme D’Avila Maheu, actuellement en stage postdoctoral à l’Université de Montréal.

D’ailleurs, au cours de son étude, elle a pu constater que 73 % des enseignants interrogés avaient un « mécanisme de reproduction » très fort envers le manuel scolaire. « Le problème vient du fait que les manuels utilisés sont très prescriptifs. Dans leur formulation, ils laissent peu de place à la créativité de l’enseignant », indique la chercheuse.

Par exemple, plusieurs manuels présentent des séries de tâches à réaliser plutôt que des suggestions d’activités. Ils proposent des exercices avec réponses inscrites dans le manuel de l’enseignant plutôt que des questions ouvertes laissant place à la discussion.

« Une certaine forme de prescription est nécessaire, croit Mme D’Avila Maheu. Mais celle-ci ne doit pas devenir exhaustive. Elle doit ouvrir la porte à l’imagination de l’enseignant, laisser de la latitude dans la mise en œuvre des activités, dire pourquoi faire et non comment faire. »

Elle déplore également le fait que la majorité des manuels ne tient pas compte des spécificités culturelles d’une région à l’autre dans un pays étant, donné qu’ils sont généralement produits dans la capitale par des fonctionnaires qui ne connaissent pas bien les régions.

Optimisme
Mme D’Avila Maheu se dit néanmoins fière des 27 % d’enseignants brésiliens rencontrés qui utilisent le manuel scolaire « d’un point de vue critique » et qui parviennent à réaliser « un travail créatif » en l’utilisant comme base. Elle entend même mettre en valeur l’autonomie relative de ces enseignants au cours de prochains travaux. Peut-être sauront-ils inspirer les autres enseignants de leur pays.

Cristina D’Avila Maheu a présenté ses résultats de recherche dans le cadre du 75e Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), qui s’est tenu à Trois-Rivières du 8 au 11 mai 2007. L’Infobourg y était.

Par Martine Rioux, APP



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