C’est connu, l’utilisation des ordinateurs en classe favorise la motivation et le développement de l’autonomie chez les jeunes, ils s’épanouissent, ont le goût d’aller plus loin, acquièrent des compétences pour la vie… Mais qu’en est-il de leurs compétences en lecture et en mathématiques, des notions de base? Une étude allemande a montré récemment que les effets ne seraient peut-être pas positifs partout.
Les conclusions de cette vaste étude ont de quoi surprendre : une trop grande exposition aux ordinateurs pourrait être néfaste au développement des capacités.
L’échantillon étudié par les chercheurs de l’Université de Munich est large : 175 000 élèves de 15 ans, provenant de 31 pays. Ils ont trouvé que les aptitudes en lecture et en mathématiques avaient fortement souffert chez ceux qui ont plus d’un ordinateur à la maison (on ne sait cependant pas si on compte comme un « ordinateur » une console de jeu vidéo). Et alors que les élèves semblent profiter d’une utilisation pondérée de l’outil à l’école, ceux qui l’utilisent plusieurs fois par semaine ont aussi vu leurs résultats chuter de façon significative.
Par cette trouvaille, les chercheurs croient bon non pas de bannir l’utilisation des ordinateurs, mais d’être prudent lorsqu’on dit qu’un plus grand accès aux outils technologiques favoriserait les compétences en maths et en lecture.
Je suis moi-même pour l’utilisation des ordinateurs dans un contexte d’apprentissage. Par contre, je suis également d’abord et avant tout maniaque du français. Bien sûr, faire des fautes à l’occasion, c’est humain. Ce ne doit pas être la règle, mais bien l’exception. Et l’école est le lieu privilégié pour favoriser cet apprentissage. Voilà pourquoi les résultats de cette étude ont particulièrement attiré mon attention.
J’ai toujours craint la sur-utilisation de l’ordinateur. « Aller à l’ordi » pour n’importe quelle raison. L’ordinateur n’est ni une récompense, ni un jeu. C’est un outil, comme un crayon, une feuille, un manuel scolaire. À la différence près qu’il est interactif et plus attrayant!
Ma perception de cette étude est premièrement que la population est vraiment très, très vaste! Trente et un pays de partout, probablement inégaux socialement, pas tous au même niveau en matière de connectivité ni de maîtrise de la technologie, pas tous avec les mêmes programmes pédagogiques.
L’analyse faite par le journaliste G. Jeffrey MacDonald, du Christian Science Monitor, est intéressante à plusieurs points de vue. Selon lui, la hausse du nombre d’ordinateurs à la maison n’a pas d’effet négatif sur l’apprentissage, mais plutôt sur la concentration, si ces machines sont utilisées principalement pour le divertissement.
D’ailleurs, il relève une chose importante : parmi les exceptions dans l’étude, on note que les résultats scolaires étaient supérieurs chez ceux qui utilisaient régulièrement le courrier électronique ou faisaient appel à des logiciels éducatifs. De quoi revoir les variables de départ de l’étude!
Je pense qu’un ordinateur peut faire partie intégrante de la réussite personnelle d’un élève, du moment qu’il y a un rôle central à jouer et que les outils nécessaires et adaptés sont mis à sa disposition. À mon avis, le seul élément en cause est l’utilisation adéquate ou non d’un puissant outil comme l’ordinateur.
Enfin, voici mon avis, j’aimerais connaître le vôtre. Si vous avez envie de réagir à cette étude, faites-moi parvenir le tout par courriel à et j’ajouterai vos interventions à la suite de l’article.
Par Audrey Miller, APP
Réactions et commentaires des lecteurs
Bonjour Madame Miller,
Je suis ravi de votre tout récent éditorial paru dans l'Infobourg du 14 décembre 2004. Comme bon nombre d'enseignants du secondaire, j'ai constaté que le système d'éducation, privé comme public, souffre d'un travers, celui de la mode du moment, dans laquelle tout le monde se lance pensant trouver là une panacée intéressante, puis on en constate les limites et on se lance dans une nouvelle mode. Ainsi, il y a eu la mode des objectifs de comportements et des cours par objectifs, celle des mises en situation ludiques, celles de l'audio-visuel (le film 16 mm, le film en boucle, la vidéo, ...), celle de l'informatique et l'actuelle, celle des compétences transversales. C'est heureux qu'une étude qui a l'air sérieuse permette aux enseignants de se questionner et peut-être de corriger les excès. Pour un approfondissement de la question, serait-il possible d'avoir accès à cette étude, en français si possible, sinon en anglais ?
Georges Sénia, retraité
Réponse : Absolument, voici le lien vers la page où vous pourrez télécharger l'étude en anglais en format PDF.
Bonjour,
L’approche constructiviste de l’apprentissage n’est pas une mode mais le résultat des recherches sur le cerveau et l’apprentissage des 10 dernières années et c’est sur ces résultats que se base la réforme actuelle de l’éducation. Mais ce n’est par quelque chose de facile. Les exigences sont élevées et les élèves manquent de motivation, d’attention et de concentration.
Je pense que les enfants utilisent durant de longues heures l’ordinateur de la maison surtout pour les jeux. Lorsqu’ils doivent lire à l’écran pour rechercher des informations sur un sujet précis, l’enthousiasme est faible même si le site est tout particulièrement intéressant. J’ai demandé aux élèves d’être journalistes et d’écrire un texte (quelques phrases) pour la page web de la classe sans résultat encore. Le site du Biodôme sur la chaîne alimentaire est celui qui a eu le plus de succès avec mes élèves actuels. Et cela ressemble à un jeu. De plus, les élèves ont aussi besoin de connaissances de base pour avoir un esprit critique face à tout ce qu’il y a sur le net. Enfin, les élèves de ma classe actuelle ont beaucoup de difficulté à suivre plus d’une consigne et à faire des efforts continus même lorsqu’il s’agit d’un jeu mathématique réel ce que je viens d’expérimenter récemment.
Joyeuses Fêtes!
Céline Guilbert, École Notre-Dame, Terrebonne
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