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12 septembre 2007 |
« Il n’y a pas d’apprentissage sans projet » |
Par Martine Rioux, APP |
Cette citation vient de Clément Laberge. Elle est tirée d’une longue réflexion sur l’éducation qui a suscité plusieurs réactions sur son blogue. Et si j’apportais mon point de vue… |
Tout a démarré avec ce billet. Puis, incitée par Mario Asselin, la discussion est allée plus loin.
C’est cette idée de projet qui m’a accrochée plus particulièrement. Et, de fait, on entend souvent les enfants demander pourquoi. Pourquoi faire? Pourquoi savoir? Peut-être qu’à une certaine époque, on pouvait leur répondre « parce que », mais de nos jours, ça ne suffit plus.
En tant qu’éducateur, il faut « réfléchir au pourquoi avant de proposer un comment », écrit Claude Paquette en réponse à Clément Laberge. Bref, qu’avons-nous à proposer aux enfants?
À l’école, un projet commun, un but à atteindre, une finalité à rechercher, ou même une passion toute simple, deviennent rapidement des éléments rassembleurs, une motivation certaine. (Ici, je ne fais pas nécessairement référence à la pédagogie par projet.) Lorsque les enfants sentent que ce qu’ils sont en train d’accomplir les conduira vraisemblablement quelque part et fera d’eux des personnes importantes, ils peuvent faire des miracles.
N’est-ce pas ce que nous nous efforçons de faire en tant que parent au cours des premières années de vie de nos enfants? Ainsi, ils apprennent à marcher, à manger seuls, à parler… parce que nous les encourageons sans cesse à atteindre un but précis et cela devient un projet de vie pour eux. Il ne devrait pas en être autrement pour les apprentissages dits scolaires (car ici, mon propos se résume à l’éducation scolaire, bien que l’éducation soit partout).
Le goût du risque
« Apprendre à lire, quand on a cinq ans, c’est une manière de changer le monde », écrit Clément. Voilà qui est tout simple, mais tellement significatif.
Dans son numéro de septembre, le magazine canadien Today’s Parent présente son Top 25 des écoles du pays. Rien de scientifique. Simplement des écoles qui permettent aux enfants de changer leur monde et qui leur donnent confiance en eux.
La direction de Lakewood Elementary School de Winnipeg propose des activités parascolaires hors du commun à ses élèves. L’Assemblée des mini-chefs de St. Timothy Catholic Elementary d’Edmonton prépare des repas pour les sans-abris de la ville. Les élèves de St. Matthew’s Elementary School donnent de leur temps pour aider les deux classes d’élèves souffrant de déficience intellectuelle. À Lakefield Elementary School (Quispamsis, NB), les élèves sont contents d’aller au bureau du directeur, car ils peuvent lui parler de leurs « bons coups » et les inscrire dans le Principal’s Good Book.
« Ce ne sont pas des incitatifs fiscaux pour les études de troisièmes cycles [universitaires] qu’il nous faut! Ce sont des écoles primaires de qualité – en tout premier lieu! – ce sont des écoles qui donnent le goût d’apprendre », écrit Clément.
Des écoles qui donnent « le goût du risque » aux enfants, qui leur apprennent à oser, lui répond Virginie Clayssen. Des écoles qui font en sorte que des jeunes prendront le risque de réussir sans avoir l’impression de véritablement prendre ce risque, qui le feront tout naturellement parce qu’ils ont du plaisir à le faire.
Et c’est justement de cela dont il est question. Le plaisir de l’apprentissage. Le goût d’aller plus loin. Le sentiment que l’on peut changer des choses. La confiance en soi. La conviction que l’on donne aux enfants en leur montrant qu’ils sont utiles et qu’ils peuvent apporter leur petit grain de sel dans la grande marre de la société.
« Tout se joue au primaire »
Malheureusement, l’école se perd. Dans le système. Dans la bureaucratie. Dans le syndicalisme. Dans le conformisme. Ce n’est plus un questionnement pour moi. C’est devenu une certitude. Difficile d’arrêter la machine.
Les écoles qui offrent des défis stimulants aux enfants ne devraient pas représenter l’exception. Pourtant, on a l’impression qu’il en est désormais ainsi. C’était la rentrée la semaine dernière, j’ai entendu des gens dire « J’espère que ton enfant n’aura pas tel prof », « L’école de mon nouveau quartier est beaucoup moins dynamique que celle d’avant », « L’enseignant a grondé mon enfant parce qu’il s’est levé debout avant l’appel de son nom », « Mon enfant s’emmerde parce qu’il termine avant les autres et qu’il n’a rien à faire », « Mon enfant aurait besoin de soutien, mais le prof n’a pas le temps ».
Heureusement, il y a des exemples comme les 25 écoles de Today’s Parent qui n’ont pas perdu de vue la mission première de l’école : voir de l’émerveillement dans les yeux des enfants lorsqu’ils apprennent quelque chose de nouveau et leur donner le goût de chercher la suite. Cela devrait être encore plus vrai à l’école primaire. Un enfant qui connaît une mauvaise expérience en première année, puis en deuxième année, puis… aura vite fait de décrocher et de ne plus aimer apprendre. L’école primaire doit absolument être un milieu de vie positif témoignant du plaisir que l’on devrait avoir à apprendre.
Je lance maintenant la balle dans le camp des enseignants. Que faites-vous au quotidien pour entretenir la flamme, pour pousser vos élèves à aller plus loin? Puisque le système est si statique, le changement ne peut venir que de vos initiatives personnelles.
Par Martine Rioux, APP
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