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14 février 2005 |
L’anglais dès la première année du primaire : pour ou contre? |
Audrey Miller, APP |
Depuis l’annonce par le ministère de l’Éducation du Québec du projet de nouveau régime pédagogique visant notamment à intégrer une heure d’enseignement de l’anglais dès la première année du primaire, les réactions fusent de toutes parts. |
L’infobourg a fait une recherche pour rassembler dans ce document une variété de points de vue sur la question. Il vous sera en conséquence plus facile de vous faire votre propre opinion.
En tout premier lieu, la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE) s’inscrit totalement contre l’enseignement de l’anglais dès la première année du primaire. Après avoir consulté les enseignantes et enseignants et à la lumière de nombreuses recherches en éducation, la FSE arrive à la conclusion évidente que l’enseignement de l’anglais dès la première année du primaire va à l’encontre des principes pédagogiques de l’apprentissage du français. « Le ministre Reid a choisi d’imposer un engagement électoral de son parti sans en mesurer les fondements pédagogiques. L’apprentissage du français vient de subir un recul inquiétant. Pour apprendre adéquatement l’anglais, d’autres moyens pédagogiques s’avèrent plus efficaces, sans pourtant nuire à l’apprentissage du français », a déclaré Mme Johanne Fortier, présidente de la FSE.
Le Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ), de son côté, demande au gouvernement du Québec de procéder à une « analyse d'impact ». On relève notamment le fait que plusieurs études aient démontré que « plus un individu maîtrise sa première langue, plus il a de la facilité à en apprendre une autre ». « Nous constatons que les parents francophones sont de plus en plus nombreux à souhaiter que leurs enfants maîtrisent l'anglais au terme de leur formation. Cette volonté des parents est compréhensible, mais nous nous interrogeons actuellement sur la façon et le meilleur moment d'enseigner une langue seconde, en l'occurrence l'anglais, dans une société francophone comme le Québec, extrêmement minoritaire sur le continent nord-américain », soutient Mme Chantale Turcot, présidente du MNQ.
De son côté, la Fédération des commissions scolaire du Québec (FCSQ) émet également certaines réserves sur l'introduction de l'enseignement de l'anglais au premier cycle du primaire. « Ce que les parents demandent d'abord et avant tout, c'est qu'on s'assure que leurs enfants quittent l'école secondaire avec une maîtrise suffisante d'une deuxième, voire d'une troisième langue », estime la FCSQ. « À cet égard, laisser la marge de manoeuvre aux écoles pour implanter une formule de l'apprentissage intensif de l'anglais semble une solution intéressante et appropriée. De plus, des mesures de soutien devraient garantir et permettre l'implantation d'activités parascolaires facilitant l'apprentissage de l'anglais langue seconde (projets d'immersion, camps linguistiques, programmes d'échanges, ...) », lit-on dans leur communiqué.
L’opposition officielle y est aussi allée de ses critiques : « L'objectif que les jeunes Québécoises et Québécois maîtrisent davantage l'anglais est certes louable. Cependant, le moyen proposé soulève d'importantes inquiétudes. D'un point de vue identitaire, le fait de mettre l'anglais et le français sur un pied d'égalité va à l'encontre de tout ce qui se fait depuis 30 ans pour faire du français la langue officielle du Québec », a souligné M. Léandre Dion, député de Saint-Hyacinthe et porte-parole de l'opposition officielle en matière de langue. (ndlr : il faut nuancer ces propos en précisant que l’anglais ne serait enseigné qu’une heure par semaine, comparativement à 6 pour le français, ce qui ne les met pas sur un pied d’égalité).
Mais il n’y a pas que des détracteurs à ce projet. En effet, Yvon Marcoux, ancien député de Vaudreuil et porte-parole de l'opposition en matière d'éducation sous le gouvernement Landry, croit que s’il y avait un réel danger, il aurait déjà été démontré. « Les jeunes Québécois de langue maternelle anglaise reçoivent l'enseignement du français langue seconde dès la première année. Si l'enseignement d'une langue seconde dès ce jeune âge avait des conséquences dramatiques sur la formation de l'identité culturelle et de l'apprentissage de la langue maternelle, nous le saurions depuis belle lurette. Or il semble que ce ne soit pas le cas, bien au contraire », rappelait-il dans un article d’opinion du Devoir publié même avant le débat actuel, en janvier 2003. Autre point intéressant : « En France, l'enseignement d'une langue seconde commence dès la maternelle, soit dès trois ou quatre ans. On entend profiter des aptitudes plus puissantes du jeune enfant pour lui former l'oreille à une autre langue. »
Vous connaissez l’émission Maisonneuve en direct, de la radio de Radio-Canada? Un débat sur la question a été lancé sur le site et les gens sont invités à se prononcer. Il est intéressant de voir que les opinions sont beaucoup plus partagées que ce qu’on entend dans le débat public actuellement (c’est-à-dire bien souvent « libéraux » contre le reste de la population!).
Et vous, quelle est votre opinion? et nous publierons les meilleures interventions.
Par Audrey Miller, APP
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