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26 septembre 2007 |
Et si les garçons n’allaient pas si mal? |
Par Martine Rioux, APP |
Dans un récent essai, intitulé « Les garçons et l’école », publié aux Éditions Sisyphe, le chercheur en éducation Jean-Claude St-Amant démolit le mythe selon lequel les garçons québécois vont très mal à l’école. Et si, bien avant le sexe, d’autres facteurs influençaient la réussite ou l’échec scolaire? |
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean-Claude St-Amant, avec son plus récent essai « Les garçons et l’école », se fait percutant en défaisant certaines idées préconçues dans le milieu scolaire à propos de la réussite ou de l’échec des garçons par rapport aux filles.
Par exemple, dans un questionnaire qu’il a soumis à un peu plus de mille personnes faisant partie du personnel scolaire québécois, il a demandé de situer le taux de décrochage scolaire des filles et des garçons. Résultat : 80% ont répondu que le taux de décrochage des garçons de 17 ans était supérieur à 16%, dont 28% ont affirmé qu’il était supérieur à 30%. Trente-six pour cent ont répondu que le taux de décrochage des filles de 17 ans était inférieur à 8%. Pourtant, selon les données du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec (MELS), les deux taux de décrochage se situent entre 8 et 15%.
Preuve à l’appui donc, M. St-Amant explique que « les filles et les garçons qui réussissent présentent les mêmes caractéristiques », que « sauf en langue d’enseignement (lecture et écriture), les garçons n’affichent aucun retard particulier par rapport aux filles, peu importe la matière, que ce soit au primaire ou au secondaire » et que, finalement, « le milieu socio-économique constitue un facteur déterminant ».
Sur ce dernier point, dans un document publié en 2005, le MELS faisait d’ailleurs remarquer que « s’il existe un écart de réussite entre les garçons et les filles, il apparaît moins important que celui qui oppose les élèves en fonction du milieu socio-économique d’où ils sont issus ».
Ainsi, plus le milieu où grandit un enfant est défavorisé, moins celui-ci connaîtra de succès scolaires, et cette affirmation est particulièrement vraie chez les garçons. « Parce que la façon dont la masculinité se concrétise dans certains milieux sociaux porte en elle une désaffection de l’école », écrit M. St-Amant. Ce faisant, on assiste à un processus d’auto-exclusion du monde scolaire chez un certain nombre de garçons.
Par contre, on ne peut passer sous silence le fait que les filles québécoises réussissent bien à l’école, même mieux que la majorité des filles des pays industrialisés. Les filles québécoises sont 92% à obtenir leur diplôme d’études secondaires, comparativement à 83% des filles canadiennes et à 80% des autres filles habitant dans un pays participant aux études de l’OCDE sur le rendement scolaire.
Ce qui permet à M. St-Amant d’écrire : « Si, comme groupe, les filles québécoises affichaient une persévérance scolaire tout simplement moyenne plutôt que forte, les écarts seraient à toutes fins utiles inexistants et le "problème social" des garçons serait réglé ».
Et comment expliquer cette « super motivation » des filles québécoises? « Parce que dans la mobilisation des femmes pour atteindre l’égalité, la scolarisation a servi et continue de servir d’outil par excellence pour y arriver ». Bref, le marché du travail est encore modulé de sorte que les filles ont besoin d’aller à l’école plus longtemps que les garçons pour obtenir des salaires équivalents à ceux-ci et ainsi gagner en indépendance (valeur qui semble chère aux filles québécoises).
De fausses solutions
M. St-Amant jette ensuite un regard sur différentes « interventions éducatives » qui se sont avérées inefficaces et même nocives.
Car, en créant des programmes uniquement destinés aux garçons qui échouent (comme environ 20% des écoles québécoises l’ont déjà fait), il semble qu’il y ait un risque de laisser de côté le 25% de filles qui éprouvent des difficultés (en silence?) et même d’en venir à négliger les filles et les garçons qui réussissent actuellement bien. De plus, ce faisant, on continue d’entretenir l’idée d’une certaine inégalité entre les sexes.
La non-mixité des classes? Puisqu’elle a connu des échecs ailleurs dans le monde, M. St-Amant ne croit pas en cette option. En Australie, par exemple, la non-mixité dans les écoles n’a conduit à aucune amélioration des apprentissages des garçons ni de leurs résultats scolaires. Elle a plutôt contribué à faire diminuer les attentes du personnel enseignant envers les garçons, tout en entretenant certains stéréotypes. De plus, cette approche reviendrait à dire que l’ensemble des garçons forme un groupe homogène, ce qui est faux, chacun ayant des besoins particuliers. On arrive aux mêmes conclusions du côté des filles.
Augmenter le nombre d’hommes enseignants pour offrir des modèles de masculinité aux garçons? Des études ont démontré que le sexe du personnel enseignant n’a pas d’impact sur les résultats scolaires. La qualité de la relation enseignant-élève serait par contre primordiale pour l’atteinte de bons résultats, autant chez les garçons que chez les filles.
Les activités sportives pour les garçons? Cela aurait pour effet d’entretenir le stéréotype selon lequel les garçons ont davantage besoin de bouger, alors que l’activité physique est bénéfique pour tous.
Prendre les filles comme modèle? Pas question pour les garçons qui y voient une atteinte à leur masculinité et voilà que l’on retombe dans les stéréotypes…
Quelles sont les solutions alors? M. St-Amant propose la politique de la réussite que nous vous présenterons la semaine prochaine…
D’ici là, faites-nous part de vos commentaires sur ce sujet.
Par Martine Rioux, APP
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